La reconstruction de Dieppe après la "grande bombarderie" de 1694
Viviane Manase  1@  
1 : Inventaire du Patrimoine Culturel de Normandie  -  Site web
Région Normandie
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En 1694 Dieppe subit un bombardement dévastateur perpétré par une flotte Anglo-hollandaise qui incendie et détruit presque toute la ville. Si un premier projet de ville neuve située plus en retrait du rivage est envisagé, c'est finalement une reconstruction sur le site initial qui est adopté, très révélateur de la dichotomie existant entre la vision urbaine idéale du pouvoir central et les attentes de la population locale. A l'initiative de Vauban, l'architecte Antoine De Ventabren reconstruit la cité, imposant aux habitants l'un des premiers règlements d'urbanisme français. A une période où émerge un nouveau concept de ville, la reconstruction de Dieppe au début du XVIIIe siècle offre l'opportunité de tester certains principes d'urbanisme et d'organisation de l'habitat. Elle illustre également toutes les phases inhérentes à un chantier urbain dont l'ampleur appelle des solutions inédites, dans un contexte d'urgence. L'organisation et le fonctionnement de ce gigantesque chantier seront ainsi traités, du déblaiement des ruines au remodelage des parcelles et du réseau viaire en passant par l'approvisionnement en matériaux et la construction elle-même. Les servitudes constructives et décoratives (standardisation et alignement des façades en brique, avec entresol de stockage sous arcade, niveaux, dimensions), et les normes sanitaires et sécuritaires exigées (voirie élargie, réseau d'eau, prévention des risques d'incendie) nous renvoient bien à la définition même d'une ville classique. Si Dieppe est pratiquement achevé vers 1720, la stricte uniformité des façades n'est plus de mise à partir de 1752 ; l'entresol ordonné initialement peut désormais être remplacé par un étage carré habitable, beaucoup plus en adéquation avec les réels besoins de la population. L'utopie de la ville idéale voulue par Vauban, avec ses rues identiques bordées par des façades rythmées par des séries d'arcades régulières, a dû céder le pas devant l'usage et les réalités quotidiennes des habitants.


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