L'opportunité offerte par le 3CFHC est rare : placer la construction au centre d'une analyse interdisciplinaire et multiscalaire. L'histoire française du rapport de l'homme au rivage s'apparente à une lutte pour la fixation du trait de côte par des défenses, en poldérisant les plaines saumâtres et plus récemment en rechargeant les plages érodées. Le rivage contemporain est l'expression de la construction d'infrastructures. La balnéarisation touristique du 20e siècle a renforcé la durcification des fronts de mer tout en forgeant une image idéalisée des paysages littoraux.
La succession récente de tempêtes a ré-interrogé notre rapport aux risques côtiers. Elle a, d'une part, systématisé la défense des zones vulnérables par une couverture nationale du littoral en PPRL et PAPI. D'autre part, elle a introduit une stratégie alternative de libération du trait de côte lorsque cela était possible en mettant en avant des expérimentations de renaturation et de maritimisation littorales s'accompagnant d'une relocalisation des biens et des activités. Ce type de stratégie, que les projections des effets du changement climatique tendent à créditer, impose un changement d'échelle par la prise en compte d'un paysage solidarisant le rivage et l'arrière-pays dans une construction territoriale élargie. Cela introduit aussi un rapport d'échelle entre la construction d'ouvrages de défense et celle plus large d'un paysage dans un rapport de subsidiarité.
La construction de paysages littoraux de « l'après risque » met en avant un génie environnemental et une recomposition spatiale aux côtés du génie civil classiquement employé pour les ouvrages de défenses. La reconnaissance d'une épaisseur géographique du littoral avec les projets de relocalisation ou encore les déconstructions sont autant de questions de construction. Cette contribution se propose donc de présenter les rapports d'échelles tant spatiaux que temporels dans la gestion à long terme du littoral atlantique en prenant comme exemple les littoraux vendéen et charentais.