Le cairn du Château d'Angers (Maine-et-Loire) : prémices d'une exploitation consommée de l'ardoise dès le IVe millénaire avant J. C.
Eric Gaumé  1@  
1 : Institut National de Recherches Archéologiques Préventives  (INRAP)
Ministère de la Culture et de la Communication
37 rue du Bignon 35577 Cesson-Sévigné cédex -  France

Bien que passablement ruiné par l'occupation plurimillénaire d'un éperon rocheux désormais urbanisé, le cairn du Château d'Angers s'est néanmoins révélé d'un intérêt tant architectural que technologique lors de sa fouille par une équipe de l'INRAP en 2002-2003.

Il témoigne en effet pour le Néolithique moyen d'un art consommé de la maçonnerie sèche en moellons d'ardoise ébauchés ou bruts d'extraction proximale. L'amélioration du processus d'appropriation de l'environnement minéral et des techniques a ensuite permis au IIIe millénaire l'emploi de blocs plus massifs clivés en plaques sub-métriques dans le monument restructuré.

C'est du moins ce qu'indiquent les nombreuses traces remarquablement conservées sur "la pierre bleue" des diverses perturbations ultérieures, mais aussi de la mise en œuvre néolithique qui a pu être distinguée.

Leur étonnante ressemblance malgré l'écart temporel, et l'archaïsme patent des pratiques ardoisières dans le NO de la France jusqu'à l'industrialisation du XXe siècle, amènent à envisager une similitude des procédés et contraintes d'exploitation manuelle préhistorique et historique, en réponse aux lois immuables du matériau feuilleté tiré des différents bassins du Massif armoricain.

Mais invention des Néolithiques angevins ou acculturation ? Le style architectural plus atlantique que continental de ce singulier dolmen à couloir, sa situation en bordure de Maine sur un vraisemblable axe de circulation de haches polies en jades entre les Alpes et le littoral morbihannais, et les pendeloques en roche pareillement verdâtre d'un tardif viatique retrouvé dans l'une des chambres funéraires suggèrent un métissage des techniques constructives au contact d'un "peuple des mégalithes" sud-armoricain rompu à la monumentalité depuis sa « révolution granitière » du Ve millénaire.

Plus ancienne construction monumentale édifiée dans la cité d'Angers avec son emblématique ardoise, le remarquable cairn du Château montre ainsi que le savoir-faire des traditionnels ardoisiers locaux pourrait bien procéder d'une survivance atavique des lointaines innovations de la Préhistoire récente.


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