Le XVIIIe siècle correspond à un premier apogée du commerce international au temps de la marine à voile, dans la première phase de colonisation et de mondialisation, au sein duquel le monde atlantique tient la première place. Des fortunes considérables se sont ainsi édifiées dans les grands ports atlantiques européens dont une partie a été orientée vers l'investissement immobilier urbain.
Lors des siècles précédents, l'habitude est d'associer le lieu de travail et la résidence. L'extension des espaces portuaires qui s'éloignent du cœur de ville remet en question cette tradition. Ceci introduit une plus grande variété dans les choix de localisation. Jusqu'à la fin du XVIIe siècle, le modèle supérieur urbain demeure la grande maison nobiliaire, désigné tardivement sous le terme d'hôtel particulier. Dans l'affirmation sociale négociante du XVIIIe siècle se pose donc la question de la reprise de ce type sous l'influence des modèles parisiens ou de la recherche d'un type original, mieux adapté aux besoins économiques et sociaux du riche négociant. Il s'agit de conjuguer les locaux de direction de la maison de commerce, le logement comme signe majeur de réussite sociale pour l'extérieur et la rentabilité spéculative caractérisant l'activité négociante. La question du rapport à la capitale intervient aussi dans le calendrier d'adoption des styles décoratifs.
Le choix de l'échelle européenne souhaite enrichir la réflexion à travers les variations possibles selon les villes et les pays. Bordeaux, Nantes et Le Havre sont dans l'ordre les trois premiers ports français au XVIIIe siècle, tandis que Bristol garde son premier rang provincial derrière Londres jusqu'au milieu du siècle et que Cadix reste hégémonique jusqu'à la fin.
La proposition s'inscrit au croisement des thématiques 2, 13 et 14.