L'étude des musées français sous la IVe République à travers l'analyse de la revue internationale Museum permet de révéler la place qu'occupe la France dans les avancées muséographiques après-guerre. En prenant la suite de la revue Mouseion, Museum change d'orientation éditoriale en se spécialisant sur les seuls aspects techniques de la muséographie. Le premier numéro édité en 1948 est consacré aux musées français, une place que ces derniers n'occuperont plus de la même manière ensuite, souvent dépassés par les initiatives nord-américaines ou de celles d'autres pays européens.
Néanmoins, en ouvrant régulièrement ses colonnes à des exemples de musées nationaux, la revue maintient la France au cœur des débats sur le renouvellement de la muséographie : complémentarité entre éclairage diurne et artificiel, principes de présentations non cumulatives, adaptation des musées anciens aux nouvelles exigences de didactisme pour le grand public, etc. L'utilisation parcimonieuse de l'iconographie entraîne une perception de l'ambiance muséale par le seul biais de quelques rares clichés à valeur démonstrative. Par conséquent, certains modèles muséographiques s'imposent visuellement au détriment de la compréhension plus fine des espaces, notamment celle des circulations ou des enchainements entre les pièces exposées.
Placée sous l'égide de l'Unesco, la revue offre un panel de situations internationales à vocation émulatrice qui a conduit progressivement, et bien que certains s'en défendent, vers une uniformisation des méthodes muséographiques sur le plan international. L'étude sera ainsi centrée sur les années 1948-1959 afin de dégager la spécificité française dans les débats, au moment de la mise en chantier d'un nombre considérable de réaménagements de musées, une initiative dont la Ve République fera ensuite fructifier le capital.