Située tout près du Rhône, la ville de Caderousse a dû de tout de temps se prémunir contre ce voisin impétueux dont les crues récurrentes, lorsqu'elles n'étaient pas dévastatrices, apportaient de nombreuses richesses aux habitants qui savaient en dompter les flots. Les premières digues de la ville furent érigées au Moyen-Age par les bénédictins qui surent les premiers tirer profits des créments du Rhône. Elles furent par la suite entretenues régulièrement par les consuls et habitants sous l'œil vigilant de la vice-légation du Comtat Venaissin. Pour le XVIIIe siècle, les Archives communales conservent vingt-cinq registres concernant les réparations aux digues et chaussées contre le Rhône pour une période qui s'étend de 1713 à 1789. Ils regroupent des documents très variés dont beaucoup sont des pièces comptables, permettant de se faire une idée des différents acteurs qui sont intervenus sur le chantier, qu'ils soient maçon ou entrepreneur, géomètre, ingénieur ou architecte, fournisseur de matériaux, charretier, conducteur de carrosse pour conduire l'ingénieur sur les lieux, mais aussi fournisseur de vin pour les ouvriers, etc. Si certains documents sont assez savoureux comme le « cayer des journées des hommes et fames en l'année 1731, sçavoir les hommes à 14 sols roy et les fames ou enfants à six sols roy » d'autres comme le « Livre pour les bureaux des réparations du Rhône commencé le 3 novembre 1742 ... » qui consigne les décisions prises par un bureau mis en place par la vice-légation pour diriger avec plus de rigueur les travaux d'entretien, montre l'importance qu'on leur accordait. Nous nous proposons dans cette communication de faire le point sur ce chantier perpétuel et collégial que fut l'entretien des digues de Caderousse au XVIIIe siècle.