Etude archéologique d'un grand chantier castral : la forteresse de Saint Louis à Angers
Emmanuel Litoux  1@  
1 : Pôle Archéologie de la Conservation départementale du Patrimoine de Maine-et-Loire
UMR 65666 CReAAH
108 rue de Frémur 49 000 Angers -  France

Lorsque Saint Louis reprend le contrôle d'Angers en 1230, il décide de mettre immédiatement en chantier une enceinte urbaine longue de 3,8 km ainsi qu'une imposante forteresse sur le promontoire dominant la Maine. Le suivi archéologique des travaux de restauration récemment menés sur le front sud du château d'Angers a offert la possibilité d'engager l'étude d'un ensemble architectural exceptionnel par son ampleur.

 L'opération archéologique a confirmé la grande homogénéité du front sud, tant sur le plan conceptuel que sur les aspects plus techniques : caractère très normé et répétitif du programme architectural, standardisation dans les processus de mise en œuvre des matériaux. La maîtrise d'ouvrage capétienne transparaît dans des choix architecturaux et techniques en net décalage avec les pratiques habituellement rencontrées à la même époque sur les chantiers angevins (choix des matériaux, gabarits des pierres de taille, traitement des voûtes...).

 Cependant, pour homogène qu'il soit, ce chantier, l'un des plus ambitieux dans le royaume capétien, n'en a pas moins dû être réalisé en tranches successives en fonction des contingences techniques telles que l'approvisionnement en matériaux de construction ou que la répartition des équipes d'ouvriers. Le croisement des différentes approches — étude pétrographique, analyses de mortier, étude des traces d'ancrages des rampes d'échafaudage hélicoïdales, mesures des appareils de pierre de taille et de moellons, examen critique des rares sources écrites — a offert la possibilité de suivre la progression des travaux à une échelle rarement atteinte sur des ouvrages défensifs médiévaux, et de mieux appréhender l'organisation de ce chantier d'exception.

Le chantier, financé sur le budget de la couronne, a bénéficié de moyens permettant un approvisionnement en matériaux de qualité et une progression manifestement très rapide. Cependant, des changements sensibles dans l'économie de la construction montrent qu'en cours de travaux, les ambitions royales ont été revues à la baisse.



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