Au XVIIIe et au XIXe siècles, le genêt – aspect à la fois original et marginal de la grande famille des couvertures végétales - est le mode de couverture prédominant pour l'habitat rural des hauts plateaux de l'Ardèche et de la très haute vallée de la Loire.
À partir de la fin du XIXe siècle, celui-ci a reculé peu à peu au profit tout d'abord de toitures de lauses de phonolite, plus résistantes et plus prestigieuses (mais aussi plus onéreuses...), puis de toiture en tuiles mécaniques ou d'autres matériaux (bac-acier récemment) en raison des risques d'incendie, de la nécessité d'un suivi régulier, puis de la perte progressive des techniques (qui a entraîné par contrecoup un considérable enchérissement de ce type de couverture originellement très peu onéreuse). De ce fait, les bâtiments présentant encore aujourd'hui des couvertures de genêt sont devenus rarissimes.
Les couvertures de genêt de la Montagne ardéchoise ont fait l'objet d'une première approche dans les années 1980 grâce notamment aux travaux de Michel Carlat, ethnologue aujourd'hui disparu. Notre communication se propose de reprendre la question en essayant :
- de revenir sur les aspects techniques du genêt comme matériau de couverture (récolte, pose, charpente associée, entretien) ;
- de donner une dimension historique (depuis le Moyen Âge) à l'usage du genêt, en s'interrogeant notamment sur le lien entre cet usage et une possible évolution des systèmes agraires ;
- de replacer l'usage de ce matériau dans un contexte européen ;
- d'envisager enfin les enjeux patrimoniaux actuels des couvertures en genêt (protection, restauration, valorisation).