Au cours du xviiie siècle, sont lancés en Languedoc des projets de grande envergure pour le développement du réseau de communication de la Province. Pays d'états, le Languedoc possède sa propre administration des travaux publics, indépendante du corps des Ponts et chaussées qui intervient uniquement dans les pays d'élection.
Soucieux de disposer d'un personnel formé et compétent, les états décident au milieu de la décennie 1780 de mettre en place leurs propres écoles des ponts et chaussées. D'autres pays d'états, telle la Bretagne, prennent des initiatives similaires, mais seul le Languedoc, s'affranchit de la tutelle parisienne et s'appuie exclusivement sur des ressources locales. En relation étroite avec les écoles de dessin adossées aux Académies des arts de Montpellier et Toulouse, cette dernière se targuant du titre d'Académie royale, ces deux établissements sont dotés de locaux, de professeurs et d'un programme pédagogique spécifique.
Si la structuration de ces écoles a donné lieu à quelques publications (Slonina 1999, Guillin 2013), leur rôle dans la transmission des savoirs n'a jamais été étudié, que ce soit dans une perspective régionale ou nationale. De multiples sources permettent d'identifier les acteurs de cette transmission, tant professeurs qu'élèves, d'appréhender ses objets par le contenu, les méthodes d'apprentissage et la littérature technique utilisée, ainsi que les places respectives de la théorie et de la pratique dans l'enseignement de la construction. Situer ces écoles au sein du parcours de formation des ingénieurs en Languedoc à la fin du xviiie siècle s'avère particulièrement éclairant pour la question de la circulation des savoirs en raison, notamment, des enjeux liés aux ambitions d'une Province face à l'École des Ponts et chaussées de Paris.