A la veille de la Révolution, dans le cadre de son cours d'architecture à l'école des ponts et chaussées de Montpellier, Charles Durand dispense aux élèves de deuxième année un cours d'art de bâtir. Conservé dans un grand volume in-folio de 320 feuillets et 44 planches, son cours présente de multiples intérêts, qui seront l'objet de notre communication : reflet des techniques en usage en Languedoc à l'extrême fin du XVIIIe siècle, le cours de Durand expose en même temps le contenu de la formation des futurs constructeurs, mettant en lumière la circulation des savoirs techniques en province à cette époque.
Après la présentation du manuscrit, nous proposerons une brève analyse de sa composition et des matières abordées - materiaux en usage, dimensionnement des structures, machines de transport de materiaux et d'enfoncement de pieux - où la place prépondérante accordée aux machines de chantier montre la visée opératoire de l'enseignement. Nous verrons aussi apparaître, dans l'intertexte du cours, des références désignant les sources des savoirs recueillis par Durand, qui émanent aussi bien de constructeurs languedociens que de l'école des ponts et chaussées parisienne.
Nous pourrons alors replacer le cours de Durand dans le contexte de l'enseignement de la construction à cette époque, et dans l'ensemble du corpus théorique laissé par l'ingénieur. Nous envisagerons alors sa place au sein de son Cours d'architecture (1791) et le mettrons en rapport avec ses divers mémoires techniques prononcés sous l'Empire. Les intérêts de l'ingénieur s'élargissent alors à des techniques moins coûteuses, notamment destinées aux constructions agricoles et rurales, en pierre et en charpente, décrites dans les discours qu'il prononce face à ses confrères de l'académie du Gard. La variété des sources envisagées permettra, pour finir, de nous interroger sur les lieux de circulation des savoirs liés à la construction à cette époque.