Au croisement de l'histoire urbaine et de l'histoire de la construction, notre étude s'intéresse aux choix opérés par les autorités municipales en matière de travaux publics. Nous proposons de mettre cette lecture en pratique dans le cadre du Midi de la France aux XIVe et XVe siècles, centré plus précisément sur cinq villes que sont Toulouse, Albi, Rodez, Cahors et Montauban. Les édifices publics comme les ponts, les fortifications, les fontaines ou encore les moulins sont des ouvrages souvent complexes qui confrontent les autorités municipales à une culture technique savante. Représentants d'un savoir spécifique, l'artisan qualifié et l'expert sont les figures clefs pour comprendre les procédés de pensée et d'action mobilisés dans la gestion de l'espace urbain. La présence de ces personnages met en lumière tout à la fois les capacités de choix et de décision des édiles ainsi que les notions d'évaluation et de valorisation des compétences techniques.
Il s'agit ainsi, à partir du dialogue des sources (documents administratifs, comptabilités de chantier, sources notariales), d'appréhender les modalités de recrutement de ces spécialistes, la nature de leur intervention, leur rôle politique, ou encore la diffusion des savoirs et des techniques que traduit, à l'échelle régionale, la mobilité de ces personnages. L'intérêt prosopographique de cette approche se double également d'un intérêt terminologique. Dans ce sens, il est aussi nécessaire de s'interroger sur la manière dont est nommée la compétence technique dans les sources écrites. Ces problématiques constituent les enjeux d'une historiographie en plein renouvellement comme l'attestent de nombreuses publications récentes.
Par l'attention portée aux figures de l'artisan qualifié et de l'expert et aux compétences mobilisées par les pouvoirs urbains dans la gestion des travaux publics, cette communication s'inscrit dans les thématiques n°4 "Droit et économie de la construction" et n°7 "Métiers-Acteurs (ethnologie de la construction)" du présent congrès.