Le De architectura est la source pour les ports romains. Vitruve (V, 12) propose deux méthodes de môles en béton pouzzolanique (structura caementicia). Le premier procédé consiste à verser dans un coffrage en bois rempli d'eau de mer un béton hydraulique de chaux vive (calx viva), de pouzzolane de Naples (pulvis) (deux parts de chaux et une de pouzzolane) et des moellons volcaniques (caementa). Vitruve (II, 6, 4) mentionne les réactions chimiques entre la chaux vive, la pouzzolane de Naples et les agrégats volcaniques quand ceux-ci sont jetés dans la mer pour la construction d'un môle: «l'effervescence (confeuerscit) produite par la brusque saturation en eau de ces (trois) brûlantes matières desséchées (calida umoris ieiunitas) et la chaleur latente (latenti calore) des différentes composantes les fait s'agréger fermement en prenant rapidement les propriétés homogènes d'un corps solide.» Pour Vitruve, le béton est à prise rapide. L'eau de mer chauffe accélérant la prise et le délai de construction. Dans le second procédé, une pouzzolane à base de sable volcanique (harena fossicia) est ajoutée à de la chaux éteinte, ceci dans un coffrage dont on a pompé l'eau. Cette prise de béton est beaucoup plus lente. En 2004, se fondant sur Vitruve, le «Roman Maritime Concrete Study» (ROMACONS) entreprit une reconstitution grandeur nature d'une fondation de jetée de 8 m3 à Brindisi (Italie), avec 2 parts de pouzzolane, 1 part de chaux éteinte et des agrégats volcaniques (Naples), dans un coffrage en bois, rempli d'eau de mer. Cela ne correspond pas au texte de Vitruve (II, 6): le ROMACONS utilisa de la chaux déjà éteinte (second procédé) au lieu de chaux vive (premier procédé), constata un temps de prise du béton d'au moins un an. Le béton vitruvien est à prise rapide, avec un délai de fabrication plus court et une logistique appropriée.