En dehors de quelques opérations phares comme Le Havre, Orléans ou Noisy-le-Sec - qui ne sont en sommes que des exceptions dans le paysage français de la Reconstruction - peu de choses ont été dites sur la conduite des chantiers sous Vichy et après la Libération et sur les matériaux qui ont été employés. Qu'est ce qui justifie le choix d'un matériau ou d'un procédé ? Est-ce une demande « politique », est-ce dû à la personnalité même des acteurs, qu'il s'agisse d'architectes ou d'entreprises, s'agit-il au contraire de logiques constructives locales ? Cette communication entend approfondir une première étude menée sur la matérialité du bâti de la Reconstruction dans le Val de Loire. Elle essayera de comprendre par exemple le rôle de Jacques Morane, nommé préfet du Loiret par Vichy dès les lendemains des destructions des ponts sur la Loire, dans le « redressement » de la production locale de matériaux, de voir comment une entreprise d'envergure nationale comme Campenon-Bernard – dans laquelle Freyssinet met en œuvre la précontrainte du béton - a pu bénéficier d'autant de chantiers sur Orléans (pont, réservoir de 21000 m3, logements des îlots expérimentaux), mais aussi comment s'organise la riposte des entreprises locales pour concurrencer les entreprises nationales. A partir de documents d'archives (municipales, départementales, nationales) et d'études de terrains (en particulier les petites et moyennes villes de la région Centre-Val de Loire), cette communication cherchera à comprendre la matérialité des chantiers de la reconstruction en France après la Seconde Guerre mondiale et les mécanismes mis en œuvre pour y parvenir. Nous essayerons de déterminer le rôle des architectes, des entreprises, mais aussi des politiques dans cette histoire, et de retracer la provenance des matériaux mis en œuvre. Elle nous permettra enfin de confronter la question de la mise en œuvre traditionnelle aux prémisses de l'industrialisation du chantier.