Entre 1781 et 1790 Émiland Gauthey, ingénieur en chef des États de Bourgogne, fit construire treize ponts dont huit en Bresse Bourguignonne. Les coûts des fondations sur pilots des ouvrages édifiés dans les autres provinces représentaient alors 50% du montant de la dépense totale. Compte tenu de l'importance du programme de construction de ponts en Bourgogne, Gauthey proposa des solutions techniques optimisant l'emploi des matériaux tout en simplifiant les tâches. Les dispositions qu'il adopta, pour les fondations et les superstructures, permettaient de construire des ponts en site aquatique dont le coût était voisin de la moitié de ceux construits dans le centre de la France. Certains lui reprochèrent de pousser l'épargne un peu loin, particulièrement avec la mise en œuvre de son système simplifié de fondations des piles en site alluvionnaire.
L'analyse comparative des modèles : « fondations traditionnelles XVIIIe » et « système simplifié de Gauthey » intégrant les paramètres respectifs de battage des pilots a montré, après estimation des forces portantes par différentes méthodes, que la stabilité des fondations des piles était assurée pour les deux modèles avec sensiblement le même niveau sécuritaire. Gauthey prescrivait une mise en fiche plus importante que celle préconisée par ses maîtres et prédécesseurs afin de compenser le manque d'encastrement de l'assise de la maçonnerie au fond du lit. Bien qu'ayant œuvré avec beaucoup de compétence, il aurait cependant pris quelques risques liés à l'appréciation de certains niveaux de plus basses eaux.
S'appuyant sur l'expérimentation et quelques essais in situ, il avait su mettre en évidence les différences de comportements au battage des pilots en milieu cohérent et en milieu pulvérulent.
En se démarquant du confort habituel, Gauthey avait choisi la voie de la difficulté, panache du talent.