Publiée trimestriellement pendant presque trois décennies, simultanément en trois langues et distribuée dans plus de vingt pays, la Revue internationale d'amiante-ciment, en abrégé AC, présenta l'actualité de l'architecture à travers de multiples applications des produits en amiante-ciment de 1956 à 1984. Aujourd'hui, AC offre une histoire « colorée » de l'architecture de l'époque à travers une architecture marquée par l'introduction d'éléments préfabriqués et standardisés et en donnant preuve de l'omniprésence d'un produit qui est systématiquement retiré du bâti aujourd'hui.
Cette contribution propose une lecture critique de l'entièreté de la revue AC, mise en contexte des revues d'architecture et de la construction de l'époque, en cherchant à clarifier le regard historique que cette revue relève aujourd'hui. L'amiante-ciment, comment faisait-il face à sa réputation de matériau « bas profil » dans l'après-guerre ? Est-ce qu'AC permet une approche à l'architecture « pour le plus grand nombre » qui échappe au regard classique de l'historiographie ?
L'amiante-ciment est le dénominateur commun dans AC, mais sans que ceci ne résulte en une littérature purement publicitaire. Quelle était sa stratégie éditoriale ? Qui était le public visé ? Comment cette revue se diversifiait-elle des publications publicitaires des producteurs de l'amiante-ciment ? De plus, pendant les premières années, la collaboration des auteurs célèbres comme Sigfried Giedion ou Ernesto N. Rogers se fait remarquer. Dans des textes courts mais critiques, la discussion de l'architecture contemporaine va parfois au-delà de la description des réalisations, voire des questions de standardisation et d'industrialisation du bâtiment. Quelle lecture de l'actualité de la construction présentait donc AC ? Cette contribution investiguera le lien qu'AC a établi entre entreprises et architectes, non seulement par une mise en marché du matériau, mais surtout par la création d'une image omniprésente et moderne du matériau le plus contesté du 20e siècle.