Le Tibre a parmi ses particularités celle de donner naissance à des bancs longitudinaux sédimentaires le long de son parcours. Souvent éphémères, leur surface, leur forme et leur durée de vie sont dépendants des aléas du fleuve. Pourtant, à Rome, un de ces îlots se tient au milieu du fleuve depuis le début de sa mise en construction à la période médio-républicaine, il y plus de deux millénaires. Dans l'Antiquité, elle abritait depuis le début du IIIe siècle av. J.-C. le temple que la cité avait fait élever en l'honneur d'Esculape. Les siècles suivant apportèrent leur lot de nouveaux édifices jusqu'à ce que l'île soit entièrement bâtie et devienne un véritable quartier urbain. Alors, comment un sol naturellement aussi fragile a-t-il pu soutenir temples et maison ou servir d'appui à des têtes de ponts ? Comment une terre affleurant les eaux du fleuve a-t-elle survécu aux inondations répétées ? Tite-Live, en conclusion de son récit de la naissance de l'île, nous apporte quelques éléments de réponse : postea credo addita moles ; manuque adiutum ut tam emines area firmaque templis quoque ac porticibus sustinendis esset (II, 5, 4). Un ensemble d'aménagements semblent avoir été entrepris afin de consolider et de surélever le sol pour construire les édifices sur un terrain stable et suffisamment au-dessus du niveau moyen du fleuve. De nombreux indices, bien qu'épars et lacunaires, permettent d'esquisser une réflexion sur les moyens mis en œuvre pour y parvenir. La communication propose de rassembler ces éléments et de les éclairer à la lumière des structures répondant à des problématiques similaires mises au jour sur les rives du Tibre et ailleurs dans le monde romain.