A partir des données des textes et de l'archéologie, cette communication s'intéresse à la construction du paysage dans les grandes villas de plaisance édifiées par l'aristocratie romaine en Italie à la fin de la République et au début de l'Empire. La réalisation de ces résidences extra-urbaines implique en effet un aménagement de l'environnement naturel dans lequel elles prennent place : le paysage des villas est bien un paysage construit. Il s'agit dès lors d'étudier les modalités de cette construction des paysages dans le cadre des villas, qui prend plusieurs formes. La construction de terrasses le long d'une pente, qui connaît un essor important à partir du IIe s. av. J.-C. à la faveur du développement de l'opus caementicium et des substructions creuses, ainsi que les opérations de nivellement du terrain, qui entraînent des modifications de la configuration des lieux, aboutissent à la construction de paysages architecturés, dans lesquels les villas semblent prolonger les formes du relief. La réalisation d'ouvrages artificiels accompagnant les édifices résidentiels, à travers le creusement de bassins ou de galeries souterraines, la mise en place de digues ou de ponts, la construction de bâtiments reposant sur des substructures immergées, induit une transformation des caractères naturels d'un lieu et la création d'un paysage spécifique aux villas. Des réalisations de plus en plus imposantes sont mises en œuvre au fil du temps, qui témoignent, de la part des commanditaires des villas, d'une volonté de domination de la nature. Parallèlement, concepteurs et bâtisseurs des villas ont accordé une place importante à l'aménagement d'un paysage domestique, rationnellement pensé et organisé, sous la forme des jardins : composés de thèmes naturels et paysagers, ceux-ci mettent en scène une nature domestiquée, un paysage construit en lien étroit avec l'architecture de la villa, qu'ils contribuent à mettre en valeur.