Le projet du pont des Petits-Murs appartient au XVIIIe siècle ; les péripéties qui conduisent à la démolition des parties exécutées appartiennent au XIXe siècle et relèvent de la politique du directeur général des ponts et chaussées de l'Empire Crétet poursuivie par les régimes postérieurs.
L'architecte de la ville doit résoudre un double problème : relier deux rives et relier ville haute et ville basse. Massif, le pont à double rampe que conçoit Crucy en 1791 s'inscrit dans la discipline du retour à l'antique, pensé comme un élément de l'artefact urbain, plus un espace public qui lie deux quais qu'un objet technique qui franchit un obstacle. La première phase du chantier est conduite « par voie d'économie », avant arrêt du chantier par manque de fonds. Lorsque les travaux en élévation sont adjugés en 1808 sur le projet initial actualisé en 1797, le chantier est désormais sous l'autorité des ingénieurs des ponts et chaussées. Après un abandon d'une quinzaine d'années, la reprise du chantier fait apparaître des désordres dans la structure du pont fondée sur des pieux de 4 à 10 mètres. Malgré l'énergie déployée par l'ingénieur en chef Duboys-Dessauzais pour sauver un pont dont la qualité architecturale lui fait minimiser les désordres, la direction des ponts et chaussées aura raison du pont devenu franchissement du canal de Nantes à Brest et non plus pont urbain.
La communication présentera le contexte spatial, l'architecture du pont, les tentatives de résistance de la mairie de Nantes à la prise de pouvoir des ponts et chaussées sur les ouvrages communaux sous l'Empire et les arguments développés pour ou contre le maintien du pont, les divers ponts de remplacement projetés, enfin la solution finalement retenue, démolition et construction d'un modeste pont en amont, simple franchissement du canal, sans vouloir s'attacher aux difficultés topographiques de la ville.