L'idée selon laquelle l'Italie de la Renaissance n'a pas participé au renouvellement des techniques de la construction en pierre, doit être réexaminée à la lumière des recherches récentes sur l'architecture de certaines régions du sud de l'Italie, en particulier la Sicile, la Sardaigne et les Pouilles.
Il est en effet devenu nécessaire de tenter de comprendre les particularités de différents monuments de ces territoires sans renvoyer au seul poids de la «tradition médiévale» mais en les inscrivant dans une généalogie philologiquement acceptable. Plusieurs bâtiments religieux et civils du Salento, en particulier liés à la personnalité de l'architecte et sculpteur Gabriele Riccardi ou Licciardi, posent des problèmes historiographiques complexes. Il en va ainsi de certaines solutions constructives, telles que l'arcade voûtée sur plan courbe, la voûte moderne à arêtes doubles ou les clefs pendantes, qui se rencontrent uniquement à Santa Croce de Lecce et qui paraissent curieusement devoir être rapportées au monde français et au travail théorique de Philibert Delorme. Pourtant, entre 1549 et les années 60 du XVIe siècle, l'histoire du bâtiment ne permet pas de supposer une telle connaissance des traités français du XVI siècle. Il convient plutôt d'y reconnaître le produit d'un transfert de technologies mis en œuvre par une personnalité dont le nom est encore inconnu et la biographique encore à constituer et, cela, en prenant dès lors en compte les questions relatives à la réception et à l'intégration des apports externes aux processus constructifs locaux