Artistes, architectes, industriels et promoteurs : la fabrication d'empires immobiliers. De la SAGI à la COFIMEG (1930-1973), les ambitions partagées des acteurs de la construction
Elise Guillerm  1@  
1 : Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne - UFR Histoire de l'art et archéologie  (UFR03/HiCSA)  -  Site web
Université Paris I - Panthéon-Sorbonne, Pres Hesam
2 rue Vivienne, 75002 Paris -  France

La communication propose de mettre en lumière le rôle de la maîtrise d'ouvrage privée dans la constitution des formes de l'histoire de l'architecture. Le groupe André Weil, fondé en 1930 sous l'égide de la SAGI et appelé à se renforcer après-guerre, constitue au long de son existence un maître d'ouvrage prépondérant, qui développe une stratégie architecturale spécifique. Mais sa capacité à dominer le marché de la construction de logements va de pair avec une relative discrétion historiographique ; pourtant, la genèse et l'évolution de ce groupe immobilier permettent d'analyser l'architecture au prisme des stratégies économiques et des politiques d'investissement du secteur de la construction.

Du logement social à la création d'équipements, voire d'aménagements, un puissant maître d'ouvrage comme celui-ci mérite une étude approfondie, tant sa production se distingue dans le secteur. D'une part, son carnet de commandes mobilise un réseau d'investisseurs et d'acteurs, allant de la sphère technique à la scène artistique. L'appel récurrent aux mêmes figures encourage la création de styles et renforce des signatures architecturales. Le groupe favorise certains praticiens (Heckly), courtise des plasticiens de renom (Philolaos), lance ses propres filières et bureaux d'études, appelle à ses côtés des hauts-fonctionnaires et s'appuie sur des secteurs puissants (sidérurgie).

D'autre part, les conditions même de la commande – logement collectif à grande échelle, intégration d'arts plastiques et mécénat – structurent et ouvrent des champs d'application parfois inédits pour les créateurs dans la ville. L'analyse cartographiera les stratégies de la promotion immobilière, en incluant dans cette histoire économique une histoire de la production architecturale et visuelle, mettant en lumière l'architecture à l'épreuve de son économie. On insistera sur le rôle des archives de l'histoire économique – telles les sources des grandes industries –, souvent délaissées par les historiens d'art. Ces sources plaident indéniablement en faveur d'une lecture renouvelée de l'histoire de la construction.


Personnes connectées : 1 Flux RSS