La réalisation du pont de la Motte Rouge se comprend comme l'un des derniers aménagements du canal de Nantes à Brest. Dans la seconde moitié du XIXe siècle les intérêts stratégiques et économiques de cette liaison fluviale n'étaient plus d'actualité. Par contre, l'enjeu militaire d'un large franchissement sur l'Erdre aux abords d'une caserne devenait l'élément décisif pour la construction d'un pont en remplacement de l'étroite chaussée Barbin.
Son auteur, Jean Résal, arrivé à Nantes en 1878, se fera rapidement remarquer comme ingénieur, par la réalisation d'un pont en fer sur la Loire qui a longtemps porté son nom. Ce pont en treillis a été démoli.
En 1882, l'ingenieur, René de Kerviler est chargé de mission sur le canal de Nantes à Brest. Chef hiérarchique de Jean Résal, il lui demandera de reprendre le projet du pont Barbin.
Jean Résal mettra de l'ordre dans les projets de ses prédécesseurs en simplifiant les propositions à plusieurs travées, pour imposer un audacieux pont de fer à une seule arche.
Les ponts en fer permettaient de très grandes ouvertures (franchissements) ; ils étaient plus onéreux que ceux en fonte ; généralement réalisés en forme de treillis, ils étaient moins esthétiques. Contrairement à la fonte le fer resistait aux vibrations (passage de troupes).
Les travaux démarreront fin 1883, pour un marché de 700.000,00 francs, financé par l'état et la commune. La rapidité d'exécution des sept arcs de quatre-vingt mètres en fer riveté permettra une ouverture au public début juin 1886.
Cette splendide infrastructure urbaine illustre l'usage innovant du métal qui permis de redéfinir un nouvel élancement au tracé classique de la voute. A l'inauguration, Jean Résal souligna dans son discour l'importance qu'il attachait à l'esthétique. Il réalisera les ponts Mirabeau et Alexandre III sur le model du pont de la Motte Rouge.