Un Conservatoire culturel des savoir-faire constructif de terre crue en Occitanie : transmission collective et continuité immatérielle au sein de la société paysanne
Isabelle Moulis  1@  , Alain Marcom * , Marie Jamin * @
1 : bureau d'Etudes HOMMES et TERRITOIRES
Université Paris VIII Vincennes-Saint Denis, universit�ontpellier
10 rue Jeanne d'Arc 34 570 PIGNAN -  France
* : Auteur correspondant

Cette communication questionne l'origine du « renouveau » des cultures constructives de terre massive, en abordant les modalités de transmission et persistance de l'héritage immatériel des savoir-faire.

L'histoire des constructions de terre crue en Occitanie présente une chronologie d'apparitions et disparitions de cultures constructives qui se succèdent. Nos expériences de restauration d'édifices en terre crue suggèrent plutôt une « continuité discontinue » des savoir-bâtir : l'histoire humaine est jalonnée de résurgences de modes constructifs traditionnels tombés en désuétude ou disgrâce, qui réapparaissent, témoignant d'un processus conservatoire des techniques.

L'architecture de terre crue est originellement l'œuvre de paysans-bâtisseurs qui combinent d'une part leur culture constructive propre et celle de la société rurale à laquelle ils appartiennent, et d'autre part des représentations sociales des contextes géographiques, environnementaux, culturels et économiques.

Nous avons cherché à démontrer dans quelle mesure ce « conservatoire » réside dans l'activité agricole quotidienne des paysans elle-même. Pour tester cette l'hypothèse, nous avons cherché à comprendre la nature, les représentations et les processus collectifs de « transmission-conservation » des savoir-faire permettant leur mobilisation ultérieure au sein de la communauté paysanne, à partir de trois cas :

  • la résurgence au XVIIIème siècle de la construction en adobes dans le midi toulousain, quand le colombage-torchis jusqu'alors généralisé devient un produit de luxe ;

  • le maintien de la bauge malgré l'adoption massive d'autres modes constructifs ;

  • la persistance des pratiques de pisé à l'arrivée des matériaux industriels au XIXème siècle.

Notre recherche pluridisciplinaire analyse :

- les gestes habituels par lesquels les paysans travaillant avec la terre pour s'en nourrir réussissent à ne pas oublier des savoir-faire constructifs spécifiques qu'ils pourront ainsi mobiliser si besoin ;

- les manifestations (culturelles, économique, religieuses...) qui permettent non seulement de faire vivre le souvenir de cette technique constructive, mais aussi de le diffuser et le partager, de manière à le maintenir vivant et collectif.

 


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