En confrontant une documentation comptable largement détaillée, aux vestiges bâtis conservés et carrières prospectées, les nombreux chantiers que les ducs de Bourgogne mettent en œuvre, entre le XIVe et le XVe siècle, offrent l'opportunité d'approcher en finesse l'organisation sociale du chantier. Menés dans un laps de temps assez court et souvent simultanément, ces chantiers ont sollicité à la fois une main d'œuvre considérable et des volumes de matières premières tels que la sphère artisanale locale a largement du s'adapter.
Au sein même du chantier, parfois entre chantiers parallèles, la documentation éclaire les stratégies mises en œuvre par ceux qui en ont la responsabilité, pour diriger le projet, contrôler sa réalisation, réduire les coûts ou encore encadrer la main d'œuvre. De même, mobiliser un tel volume de matériaux divers, notamment en ce qui concerne la pierre de construction, a également exigé des responsables du chantier une gestion complexe et modulée des ressources de matériaux disponibles, entre carrières achetées ou louées, prospections, achat de pierres sur les marchés et sollicitation de réseaux indépendants.
Les sources documentaires dévoilent aussi, en filigrane, l'adaptation des artisans à ces grands chantiers et les différentes stratégies individuelles, ponctuelles ou systématisées, qui vont en découler, que ce soit par les phénomènes d'immigration, la collaboration entre artisans et les transferts de savoir-faire, ou encore l'organisation familiale des métiers.