Les figures de l'artisan constructeur dans les livres (1830-1914)
Valérie Nègre  1@  
1 : Ecole nationale supérieure d'architecture Paris La Villette (UMR AUSser)
UMR AUSser

Le paradoxe mérite d'être souligné : ce qu'il est convenu d'appeler la culture populaire n'a cessé de fasciner les écrivains et les historiens depuis les années 1830 et pourtant les artisans nous sont en grande partie inconnus. Qui connaît aujourd'hui le maître charpentier Nicolas Fourneau, célébré dans les journaux de la fin du XVIIIe siècle comme un artisan aux « connaissances géométriques peu communes » ? Qui connaît les « entrepreneurs habiles » qui, selon Jacques François Blondel avaient poussé leurs études « beaucoup au-delà » des « connaissances élémentaires des Arts » : « Les Sieurs Caquet, Richard, Guesnon, Trouard, Destriches, Polvert » ?

Après les Trois Glorieuses, bien des écrivains proches des mouvements socialistes s'enthousiasment pourtant pour les écrits des « prolétaires ». Les exemples sont nombreux : George Sand préface les livres du serrurier Jérôme Pierre Gilland (Les Conteurs ouvriers, 1849) et du maçon Charles Poncy (Le Chantier, 1844) et fait du menuisier Agricol Perdiguier le héro de son roman Le Compagnon du tour de France (1840). Cet intérêt pour la culture artisanale se manifeste encore par la parution dans les années 1840 de nouveaux genres d'ouvrages, telles les biographies d'artisans célèbres, les histoires des métiers et des corporations, les rapports sur les modes de vies et les maladies professionnelles des artisans.

L'objet de la présentation est de mettre en perspective ces livres sur les artisans publiés de la fin des années 1830 à la Première guerre mondiale, qu'ils soient rédigés par des historiens, des sociologues, des praticiens ou par les artisans eux-mêmes. On montrera dans quel mouvement ces livres s'inscrivent, quelles images ils véhiculent des artisans, de leur savoir et de leur savoir-faire.



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