Le chantier médiéval, théâtre d'une individuation artistique par la technique
Jean-Marie Guillouët  1@  
1 : Centre François Viète : épistémologie, histoire des sciences et des techniques  (CFV)  -  Site web
Université de Nantes : EA1161, Université de Bretagne Occidentale [UBO], Université de Bretagne Occidentale (UBO)
Faculté des Sciences et des Techniques 2 rue de la Houssinière BP 92208 44322 NANTES Cedex 3 -  France

Carrefours professionnels et techniques, les chantiers de construction sont, au Moyen Âge, les lieux de la condensation technique des métiers de la construction. Des cas célèbres comme celui du Duomo de Milan ont permis de mettre en évidence leur rôle dans la constitution puis la transmission des savoir-faire et des pratiques constructives médiévales ; et cela à l'échelle européenne.

C'est en prenant en compte la nature éminemment locale de leur historicité qu'il est possible de comprendre la place du chantier dans la constitution et l'affirmation de la figure de l'artiste avant l'époque moderne. À la fin du Moyen Âge, un certain nombre de procédures techniques et de dispositifs stéréotomiques virtuoses sont en effet pris dans les logiques compétitives régulant les rapports entre les acteurs du chantier. Elles s'inscrivent dans ce régime des « hautes eaux » du technique caractéristique gothique tardif qui trouve alors son expression dans bien d'autres domaines de la production artistique et artisanale. L'observation fine de ces savoir-faire, de leur affichage et des fonctions leur étant assignées à l'intérieur de la loge médiévale permet de bien comprendre comment, à la fin du Moyen Âge, le chantier de construction est le laboratoire d'une individuation artistique par la technique.


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