Les halles de marchés, figures emblématiques de la construction en fer, témoignent d'un transfert réussi des progrès techniques de la métropole vers la colonie. La politique économique coloniale aidant, plusieurs villes algériennes ont été dotées de leurs marchés couverts, calqués sur les modèles importés de province et adaptés au contexte local. La constitution de ce réseau de structures commerciales ne s'est pas fait d'un seul trait, mais par bonds successifs correspondant aux innovations techniques et artistiques rendues possibles par la révolution industrielle.
La question que l'on se pose est de savoir si les halles de marchés des XIXe et XXe siècles, en Algérie, se positionnent en affiliation directe avec le modèle architectural et constructif baltardien des Halles centrales de Paris, ou bien elles s'en démarquent. Notre analyse des archives municipales de Blida et de Maison-Carrée permettra de documenter le processus d'édification de ces structures commerciales et de cerner les acteurs – promoteurs et constructeurs – qui sont à l'origine de leurs réalisations. Il sera possible de vérifier aussi si les procédures initiées en Métropole ont été reproduites fidèlement en Algérie et de comprendre comment s'opéraient ces éventuels transferts de savoir en matière de planification, de conception et de construction des halles de marchés.
De par leurs typologies de toiture, avec ou sans clôture périmétrale, les marchés couverts de Blida, Médéa et Maison-Carrée se rapprochent davantage des systèmes constructifs à parapluies adoptés par Victor Baltard dans les Halles de Paris. Ce premier constat confirme la réécriture partielle en Algérie de l'histoire des halles de marchés en Europe à une échelle moindre et avec un décalage chronologique. Cependant, grâce à ce retard, évalué à un demi-siècle environ, les trois halles que nous nous sommes proposé d'étudier se caractérisent par une modestie et une variété infinie de solutions constructives par rapport au modèle originel.
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