Le thème de cette contribution est le métissage des compétences technologiques dans la région frontalière entre la France et l'Allemagne au début du XXe siècle, à travers l'exemple de la consolidation du pilier nord de la cathédrale de Strasbourg. L'architecte de la cathédrale, Johann Knauth (1864-1924), avait recours à un nouveau matériau, le béton armé, pour la rénovation de la célèbre tour de la cathédrale gothique. Le béton armé comme technique de construction avait été introduit en France dans la deuxième moitié du XIXeme siècle et avait été diffusé en Europe notamment par les entrepreneurs Joseph Monier et François Hennebique à l'aide d'un système de brevets sophistiqué. Après avoir rencontré des restaurateurs en France et en Allemagne, comme le professeur Möller à Braunschweig, responsable de la rénovation en béton armé de l'église Marienkirche à Wolfenbüttel,, Knauth avait sollicité des entreprises pionnières dans ce domaine en Alsace et dans les autres parties du Reich pour proposer des solutions. En 1910, les entreprises de construction Wayss & Freytag et Dyckerhoff & Widmann – les deux concessionnaires du brevet Monier – ainsi que les sociétés strasbourgeoises Züblin et Wagner – concessionnaires du brevet Hennebique – avaient soumis des propositions. Strasbourg, alors capitale du Reichsland Elsass-Lothringen, était un des centres du béton armé dans l'Empire allemand : le Suisse Eduard Züblin était à la fois un promoteur du système Hennebique en Allemagne et un innovateur de renom dans le domaine du béton armé.Ce fut le bureau d'étude Wagner-Züblin en collaboration avec Johann Knauth – et dépuis 1920 avec son élève et successeur, l'alsacien Charles-August Pierre, – qui a réussi à trouver une solution aux problèmes posés par l'étaiement du pilier, grâce à un « tabouret » en béton armé.
La contribution est basée sur des documents des archives de l' œuvre Notre Dame.
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